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Ahviv MEKDAM, militant souverainiste kabyle, harcelé chez lui en Kabylie par la police politique alg

  • GAYA IRJEN
  • 23 sept. 2016
  • 3 min de lecture

Voici le récit tel qu'il a été raconté par Ahviv Mekdam, du harcèlement qu'il a subi en Kabylie de la part de la police politique algérienne :

" Hier, j'ai décidé de me réveiller pour avoir une chance de quitter un peu tôt mon village perché au piémont de Djurdjura et rejoindre Tizi-Ouzou, capitale de la Kabylie et centre névralgique de la police politique. Finalement, je n'ai pu me déplacer les 60 km qui me sépare de la ville des Genêts et de la saleté qu'à 13h grâce à un ami véhiculé de passage. Je prends un café en attendant un ami. Une chaleur étouffante, les cafés débordent et les bars obscurs grouillent de monde. La poussière transperce les narines et l'arabe les oreilles. Mon ami arriva et on cherche un endroit tranquille pour discuter après une longue absence, il n'y en a pas. Ici les parcs sont transformés en poissonneries et "chemmatrie", La chemma (prise à chiquer traditionnelle) se vend en sachets. Il a fallu marcher et quitter le centre ville et le brouhaha.

En une centaine de mètres de marche et quelques angles d'immeubles délabrés et de trottoirs défoncés, nous tombons sur trois commissariats de police, une caserne militaire, une prison et une dizaine de check-points, comme si Tizi est devenu Berlin-Est.

Enfin, nous nous installons pour siroter un café gluant comme si c'était de la sève du café et non un jus du café. C'est un goudron. Quelques amabilités plus loin et deux Rambo costumés remplissent la petite porte de la salle. Mon compagnon me demanda de quitter les lieux et un des agents secrets indiscrets nous balança narquois :"vos cafés sont payés". Mon ami qui ne manque de repartie lui répliqua :" ce n'est pas un café que vous devez payer, vous devez partager votre salaire puisque vous le gagnez en nous surveillant". Éclat de rire hypocrite et nous quittons les lieux. Nous revenons au centre ville et nous nous saluons.

En marchant vers la Nouvelle ville, qui n'est en fait qu'un nouveau bazar citadin, je croise un ami journaliste. Je monte dans sa petite voiture qu'il a pu payer après 15 ans de métier et nous rentrons dans la file interminable de bus fumants et de 4*4 clinquants à la recherche d'un bar hydratant. 30 mn plus tard et quelques mètres gagnés en circulation, une voiture banale nous devance et s'arrête brusquement pour qu'un autre James Bond 000 descende pour continuer la route à pied.

Je trouvais ce comportement bizarre et mon ami journaliste, en connaisseur de ces pratiques, me rassure en disant que ce sont des RG et que le gars est descendu de la voiture pour aller demander aux sentinelles plus loin de leur faciliter le passage. Et bien, non! À notre arrivée devant le barage, le policier nous serre à droite. Mon ami, tout sourire me jette: "je ne vais pas rentrer chez moi à cause de toi" ce à quoi je réplique "Qu'ils font leur travail, qu'ils sécurisent le pays, apparement nous sommes plus dangereux que les égorgeurs et les voleurs de ce pays". Le policier arrive devant la portière et demande respectueusement les documents de la voiture. Avant de jeter un coup d'oeil, il s'adresse à moi dans un arabe chatié :" charefna bi bataqat al hawiya ya akh". Je tends ma pièce d'identité en disant "Tenez!". Mon ami descend de la voiture suite à la demande du policier pour ouvrir la malle et vérifier le contenu. 40 mn d'attente pour que le petit agent de désordre revienne nous remettre nos papiers.

À ma question sur le motif de l'interpellation, le policier qui n'a pas compris a demandé à mon ami "wach iqoul?" et le journaliste traduit. Le policier me fixe dans les yeux:" al awamir ya akh, maa ihtiramati" (les ordres mon frères, mes respects). Nous reprenons la route et la bière est reportée à une date ultérieure. Mon ami devait récupérer ses enfants et du coup il me dépose à quelques encablures après avoir pris un Ramy à la place d'une Beaufort.

Je rentre chez mon oncle qui loue un appart en Nouvelle ville et une heure plus tard mon pauvre ami journaliste m'appelle pour m'informer qu'à son retour, avec sa femme et ses deux enfants, un autre barrage de police l'a arrêté et a fouillé encore une fois sa voiture. La journée bière est pour le lendemain."

Ahviv Mekdam


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